Plaidoyer en faveur du financement de l'école privée
· Texte
de septembre 2014 ·
Au Québec, le budget de
fonctionnement des écoles est fixé par la Loi sur l'instruction publique. Le
montant attribué par le ministère joue autour de 8000 $ par élève en moyenne.
Sur la base de ce montant, le gouvernement établit la subvention qui est versé
aux écoles privées: la subvention par élève est égale à 60% de celle versée aux
écoles du secteur public. Le solde de 40% est assumé par les parents. Un impôt
volontaire en quelque sorte...
C'est dire qu'au public
l'état donne environ 8000$ par élève, contre 4800$ au privé. (Même que les
écoles publiques se voient accorder un budget supérieur si l'on tient compte de
la partie de la taxe scolaire destinée à l'entretien des immeubles, que les
écoles privées ne reçoivent pas). Donc, et c'est important de le retenir: le
même élève coûte PLUS CHER à l'état s'il fréquente le public que le privé! En
fait, les écoles privées sont un méchant bon deal pour le gouvernement!
Soulignons aussi l'aspect
bénéfique de la concurrence. Un fort réseau privé appelle l’innovation dans le
réseau public, qui à son tour amène le privé à innover. Tout le monde y gagne.
La diminution des subventions
aux écoles privées aurait bien sûr des conséquences: soit les établissements ne
pourraient plus maintenir leur qualité actuelle, soit ils augmenteraient les
frais facturés aux parents. Et puisque la majorité des clients du privé
provient de la classe moyenne, plusieurs ne pourraient plus se le permettre.
Dans les deux cas on peut supposer qu'une bonne partie de la clientèle
transférerait vers l'école publique...
La part de la subvention
assumée par le gouvernement passerait alors de 60% à 100% par tête, la partie
complémentaire n'étant plus déboursée par les parents. Ajoutez aussi les
ressources et infrastructures supplémentaires nécessaires au réseau public pour
accueillir tous ces nouveaux élèves, dont quelques-uns, faut-il le mentionner,
ont aussi des besoins particuliers. Alors ma question: elle serait où
l'économie??????? D'où proviendrait
l'argent soudainement disponible pour l'école publique? Ses problèmes se
règleraient tout à coup comme par magie? Connaissant l'inefficacité et la
lourdeur bureaucratique régnant dans la fonction publique, je suis persuadée
que même si l'école privée disparaissait complètement, les problèmes actuels du
public seraient toujours présents, voire pires.
Je partage entièrement
l'opinion de Joseph Facal (ex-politicien au PQ) lorsqu'il dit que "La popularité de l’école privée n’est
pas la cause des difficultés du réseau public. Elle en est la
CONSÉQUENCE." Tout comme en santé,
le privé devient une alternative lorsque le réseau public ne livre pas la
marchandise...
Autre chose: certains
suggèrent d'interdire la sélection dans les école privées. Premièrement,
sachons que seules quelques unes sélectionnent les élèves sur la base de la
performance. Deuxièmement, ce qui marche, ce sont des classes homogènes. On le
voit dans le privé... mais aussi dans le public où on procède parfois, avec
succès, à une sélection d'élèves pour des programmes particuliers, comme le
sport-étude ou le PEI. Comme l'écrit encore Joseph Facal, "C’est
l’intégration massive des élèves en difficulté dans les classes régulières du
réseau public qui fut une erreur."
Exiger la fin de la sélection d'élèves, c'est étendre ailleurs les
problèmes. On devrait reconnaître qu'on s'est trompé et corriger le tir, au
lieu de songer à reproduire l'erreur.
Au fond, les seuls arguments
contre le privé semblent être purement émotifs, sans fondement économique ou
rationnel. "L'éducation se doit d'être publique", ou "Si l'école
publique manque de ressources, c'est la faute du privé", parfois même
empreints d'un peu de jalousie "Si moi je ne peux avoir accès au privé,
alors personne ne le devrait."
Il va de soi que tout le
monde doit avoir les mêmes chances en éducation. Mais retirer les subventions
au privé, c'est simplement nuire à ce qui se fait de mieux, sans aucune plus
value. Cela constitue en fait un bel exemple de nivellement par le bas: tout le
monde égal, oui... mais égal au plus bas niveau. On choisit la cible facile
plutôt que de s'attaquer aux véritables problèmes. Le privé n'enlève rien au
public et ne l'empêche nullement de s'améliorer. Agissons à la source et
réformons le réseau public afin d'offrir la meilleure qualité d'éducation à
tous. Plusieurs solutions existent.
Couper les vivres au privé n'en est pas une.
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