It's my life

It’s my life. C’est le titre d’une chanson du groupe Talk Talk, le « groupe du moment » de mon plus jeune fils, âgé de 20 ans. C’est cette chanson qui joue en boucle dans ma tête depuis des jours, en souvenir de lui. 

Parce que mon fils n’est plus. Il en a décidé ainsi.

Une flamme s’était éteinte en lui au fil du temps. Vous savez cette petite flamme qui fait qu’on est content de se lever le matin ou qu’on a hâte de rentrer chez soi même si c’est juste pour faire quelques tâches ordinaires et regarder la télé. Ce petit je-ne-sais-quoi qui fait que notre vie a un sens, il ne l’avait plus. 

Bon dieu qu’il a essayé de retrouver dans sa vie un certain « excitement » (le terme qu’il utilisait). Bon dieu qu’il a essayé de trouver quelque chose qui « l’allumerait », quelque chose à quoi il aurait hâte. Intervenants, psys, médecins, médication et j’en passe, il a tout essayé. Nous avons fait notre possible pour l’aider. Mais il n’y parvenait pas. L’ampleur de la tâche le dépassait. Il était fatigué. 

Je comprends. Je le comprends. Et je ne lui en veux pas. Malgré les images crève-cœur que j’imagine de ses derniers moments (lui qui quitte la maison dans la nuit froide, se rend seul dans la forêt, prépare sa corde)… malgré l’infinie tristesse qui a pris possession de mon âme et qui m’habitera pour toujours… je comprends. Ça aura été son seul moyen d’enfin arrêter de souffrir. J’espère que tu as trouvé la paix ti-gars… 

J’aurais tellement voulu que mon fils ne connaisse jamais cette souffrance. J’aurais tellement voulu qu’il y ait une autre solution. Mais en existait-t-il vraiment une?? Combien de mois de souffrance encore, voire d'années, à chercher et à attendre quelque chose qui n’arrivera peut-être jamais? Il n’en pouvait tout simplement plus de tout ça.

Le fait que mon fils était Asperger a certainement eu un rôle majeur à jouer. Son mal de vivre allait au-delà de la dépression j’en suis convaincue. C’était plus profond, intrinsèque à ses schèmes de pensées et aux difficultés reliées à son syndrome. 

Dans l’échelle de mes valeurs, la qualité de vie l’emporte sur la vie et c’est ce que mon fils pensait aussi. Voilà pourquoi je comprends. Voilà pourquoi j’accepte sa décision.

J’aurais juste aimé que ça finisse autrement. Mon fils avait une logique implacable, un excellent jugement ainsi qu’une lucidité étonnante. Si ce jour-là il avait pu demander l’aide médicale à mourir, je crois qu'il l'aurait fait. Et j’aurais accepté. On se serait peut-être trompés. Impossible de savoir. Mais au moins ses derniers moments auraient été plus sereins, pour lui comme pour nous. Il serait parti en douceur, avec nous à ses côtés lui flattant les cheveux comme il aimait tant, en écoutant It's my life. Parce que oui, après tout, c’était SA vie.

On l’aimait, il le savait. Et on sait qu’il nous aimait aussi. Nous avons vécu des tonnes de bons moments ensemble. C’est ça l’important et c’est ce qui restera.




Commentaires

  1. Merci pour ce partage, je suis comme cette mère, j'accepte la décision de ma fille, qui elle aussi a décidé de mettre fin à ses jours, au bout d'une corde le 23 décembre 2019. Sa souffrance était plus grande que sa joie de vivre, son mal être était plus grand, que l'espérance d'une vie meilleure. tout comme elle, je pense à la souffrance des ses derniers moments de la détresse qui l'avait envahit. J'espère juste qu'elle a trouvé le repos de son âme.

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